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Marseille : "10 000 policiers" ne suffiront pas à éradiquer le trafic de stupéfiants, estime le porte-parole national du syndicat Alliance Police nationale

'"Il faut traiter ce problème de manière globale", selon Rudy Manna, porte-parole national du syndicat Alliance Police nationale, invité de franceinfo mardi.
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Un jeune homme contrôlé par des policiers de l'unité "Brigade spécialisée terrain" (BST 14) dans le quartier "Les Rosiers", au nord de Marseille, le 31 mars 2023. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

"Vous pouvez mettre presque 10 000 policiers à Marseille, ce trafic de stupéfiants continuera à perdurer, tout simplement parce qu'aujourd'hui, il faut traiter ce problème de manière globale", a estimé mardi 12 septembre sur franceinfo Rudy Manna.

Le porte-parole national du syndicat Alliance Police nationale réagissait aux propos de Gérald Darmanin, qui a annoncé qu'une "unité de CRS prendra ses quartiers en novembre à Marseille", en réponse aux violences liées au trafic de drogue. 

franceinfo : Gérald Darmanin a déclaré que la police et la gendarmerie n'étaient pas les seuls à pouvoir résoudre ces violences. Qu'en pensez-vous ?

Rudy Manna, porte-parole national du syndicat Alliance Police nationale : 

Cela fait longtemps qu'on le dit. On est sur le terrain, on voit les difficultés que nous rencontrons dans les différentes cités de toutes les villes de France, notamment à Marseille. Il est évident que malgré notre travail acharné, malgré la volonté et la détermination que nous avons pour contrer ce trafic de stupéfiants, on se rend compte qu'on n'y arrive pas. Oui, on interpelle des trafiquants de stup, on saisit énormément de produits stupéfiants et d'armes, mais on se rend compte qu'il continue à y avoir beaucoup de trafic de stupéfiants et beaucoup de consommateurs. Il y a de plus en plus de règlements de compte avec des fusillades atroces, notamment celle qui s'est passée au quartier Saint-Thys, il y a deux jours, avec cette jeune fille de 24 ans qui prend une balle de kalachnikov alors qu'elle se trouve tout simplement dans sa chambre, devant son ordinateur. C'est effroyable pour des policiers d'intervenir sur une scène comme celle-là.

Est-ce qu'il y a une forme d'impuissance ?

Bien sûr. On a eu des effectifs supplémentaires, Gérald Darmanin nous a envoyé très régulièrement des CRS en renfort, mais vous pouvez mettre presque 10 000 policiers à Marseille, ce trafic de stupéfiants continuera à perdurer tout simplement parce qu'aujourd'hui, il faut traiter ce problème de manière globale. Je parle d'enfants de 12/14 ans qui sont dans ces trafics et qui devraient être à l'école. On doit renforcer cette école de la République, il y a aussi une responsabilisation des parents. Ce n'est pas normal que ces gamins soient dans les trafics de stupéfiants et que les parents n'empêchent pas cela. Il faut un travail de prévention également dans certains collèges ou écoles primaires pour expliquer les méfaits de la drogue. Le travail de la police est fait depuis quelques années et on ne peut pas reprocher aux policiers de faire un travail formidable. Il faut qu'on ait une justice qui condamne très sévèrement ces individus pour leur faire passer l'envie de rester dans ces trafics ou de recommencer en sortant de prison.

Il y a aussi le problème des armes. Comment expliquez-vous qu'il y en ait autant en circulation ?

C'est notre première inquiétude. Il y a énormément d'armes en circulation et ces individus sont en capacité de tirer sur des policiers. Ils ne nous aiment pas beaucoup et ils n'hésiteront pas le jour où ils en verront la nécessité. Comment peut-on lutter contre le trafic d'armes ? À travers des saisies, des enquêtes très approfondies, mais là encore on a besoin d'une justice qui condamne très sévèrement. Avec tout ce qui s'est passé cet été, les émeutes, la guérilla urbaine, on a été au bord de l'implosion et ce sont les forces de police et de gendarmerie qui ont tenu l'équilibre de ce pays. On a le moral dans les chaussettes, on est des policiers républicains, mais il faut qu'on nous donne les moyens juridiques de travailler. Lorsque les policiers partent au travail, ils savent qu'ils peuvent être blessés, tués, mais aussi aller en prison. C'est une vraie difficulté.

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